Samedi matin je me réveille tard, vers 8h30, trop tard pour envisager une grande randonnée à ski. Et puis je suis un peu fatigué de ma semaine, alors je vais viser un humble objectif aujourd'hui.
Ma dame me propose une sortie ski en station en famille. Seulement c'est le premier jour des vacances, il fait beau, donc la station va être noire de monde. Comme je reviens d'une semaine à Madrid j'ai besoin de me rassurer en vérifiant que la planète n'est pas encore totalement submergée par l'humanité.
J'envoie un message à mon pote l'alpiniste, des fois qu'il me propose une sortie dans mes cordes. Ca tombe bien il a prévu d'emmener un de ses ami sur un truc "hyper facile", avec un départ tardif. On sera trois sur une rando au départ de Sixt-Fer-à-Cheval, sous le sommet La Cathédrale.
Je balance mes skis dans le voiture et je file chez lui. Les routes sont déjà embouteillées par des milliers de voitures qui migrent vers les stations de ski, dont énormément de gros SUV immatriculés en Grande Bretagne ou en Belgique. J'ai une pensée émue pour la température de notre planète...
Finalement nous démarrons notre rando vers 12h30. Nous partons sur les pistes abandonnées de la station fantôme de Sixt (fermée en 2017). Il y a peu de neige en basse altitude, mais elle est restée de bonne qualité. Il fait relativement chaud et rapidement nous transpirons abondamment. Nous enlevons toutes nos couches du haut du corps, et nous attaquons une montée sans difficultés.
Nous dépassons les dernières remontées mécaniques, et nous attaquons la montée plus sauvage dans les alpages. Plus nous montons, meilleure est la neige. Malgré la météo relativement douce des jours précédents un courant d'air froid qui descend de la montagne a maintenu la neige légère.
L'endroit est magnifique et encore peu connu des randonneurs. Peu de monde est passé là depuis la dernière chute de neige. Nous avançons en traçant nos propres traces.
Mon ami m'explique que tant que personne n'aura mis cette trace sur un forum de montagne, l'endroit restera relativement épargné.
Après 2h30 et environ 1000m de montée tranquille, nous arrivons à notre objectif. C'est un sommet sans nom, à 2000 m d'altitude, juste sous La Cathédrale qui nous domine d'encore 500 m.
Nous faisons une pause casse-croute. J'ai mal estimé le ratio transpiration/taille de ma gourde, et je suis totalement desséché. La prochaine fois je prendrai une grande bouteille d'eau.
Le paysage est magnifique. Nous avons une vue incroyable sur le Fer à Cheval et la vallée du Giffre, et jusqu'au Jura bien enneigé. La lumière de fin d'après-midi enflamme la neige et rend l'ambiance chaleureuse. Assis sur nos skis nous admirons la vue en se racontant nos souvenirs de rando. Enfin ce sont surtout mes amis qui randonnent depuis des décennies qui racontent leurs souvenirs, parce que ça n'est pas avec mes 4 sorties que j'ai grand chose à raconter...
Finalement nous dépeautons (on enlève les peaux de phoques sous les skis) et nous attaquons la descente.
Une jeune femme en split (un surf qui se transforme en ski de rando) que l'on a rencontré au sommet nous accompagnera toute la descente. Elle ne connait pas vraiment l'endroit, et elle ne sais pas par où descendre.
Je me vautre lamentablement en rechaussant les skis. Je suis ridicule, mais ça sera ma seule chute de la sortie. J'avais oublié de chausser la fixation arrière... j'ai encore beaucoup à apprendre.
Et à partir de là, c'est le rêve de tout skieur : Des kilomètres de neige poudreuse vierge, où l'on skie comme dans les photos des magazines. C'est le pied absolu, on a envie que ça dure toute la vie.
Mes skis, que je découvre encore (c'est leur troisième sortie), sont toujours aussi fabuleux. Ils sont à la fois très faciles à skier et d'une rigidité parfaite. J'avais essuyé quelques moqueries de mes amis randonneurs quand je leur disais que j'avais acheté des skis Rossignol. Mais désormais ils sont bien obligés de reconnaître que la marque à l'oiseau, bien qu'un peu ringardisée dans le milieu des randonneurs, a un sacré savoir-faire en matière de skis.
Passés les alpages nous skions dans un large talweg toujours parfaitement enneigé, mais plus boisé. La végétation est plus présente, il faut être plus réactif pour circuler entre les arbres. Mes skis se montrent toujours irréprochables, vifs, confortables, faciles. Le plaisir est toujours immense.
Finalement nous rejoignions les anciennes pistes de ski où la neige est plus dure, mais finalement toujours agréable à skier. Après une petite heure de descente nous sommes de retour à la voiture.
J'ai adoré cette sortie. J'ai juste toujours un souci d'ampoules aux pieds, mais rien de rédhibitoire.
Sur la route du retour nous croisons encore des files ininterrompues de voitures de touristes qui continuent d'affluer dans les stations. Les magasins de locations de skis sont envahis de clients que l'on voit sortir déambuler maladroitement, chargés de leurs matériel, dans les rues de Samoëns. Il y a tellement de monde qu'on arrive à se demander sincèrement où ils peuvent bien tous loger et garer leurs voitures...
Sortant d'où l'on vient il faudrait nous payer cher pour aller nous entasser sur des télésièges. Mais après tout, il en faut pour tous les goûts.
En attendant on garde notre coin plus ou moins secret.