Alors voilà, après avoir hésité à rester en VTT, j'ai fini après test d'entrevoir quel style de pratique je pourrais avoir avec un VTTae, avec une assistance légère, histoire de ne pas me retrouver avec une moto d'enduro électrique et à pédales.
Le Rise avait pas mal d'avantages, il ne cochait pas toutes mes cases, mais quand même pas mal, et vu le nb d'exemplaires vendus, on avait déjà un retour non négligeable sur la fiabilité de l'engin et son comportement.
J'ai lu pas mal le forum VV (oui j'avoue ) et regardé pas mal de vidéos.
Parti sur l'idée d'un modèle carbone, je n'arrivais pas à me décider à claquer quasi 5000 balles dans un vélo, fût-il équipé d'un moteur de perceuse et d'une batterie. Les occases me semblait trop chers par rapport au neuf (c'est les promos) et les neufs quand même trop chers.
Et puis, finalement, je me suis dit "pourquoi pas un alu ?" ils étaient globalement chers aussi, sauf l'un dans l'ch'nord, le modèle entrée de gamme qui vaut quand même plus de 5000 neuf, que l'on trouve en promo à 3700 en ce moment et qui était à 2800, négocié à 2600, 1100 kms, et d'apparence très bien.
Voilà plus de 2000 euros d'économisés par rapport à un Rise carbone neuf. De quoi l'équiper à mon goût et partir en vacances avec.
Il me restait un jour de congés à poser absolument avant fin octobre, et mardi c'était le 31 ! hop hop, aller retour Lille en TGV dans la journée.
Avant 11h du mat' je suis devant le vélo dans la rue à Lille, et ... il pleut, bien sûr.
Le vélo est nickel, rien à redire à part une petite griffe sur le cintre, entretenu au bouclard (800 kms en aout et 10 charges batterie), un tout petit poil plus de 1100 kms. Le matos est "entrée de gamme" : roues Race Face AR30, moyeux Shim, fourche Marzo Bomber, amorto Fox Float performance DPS Evol 3Pos, derailleur SLX 12v, TDS telescopique Orbea
Les freins ont été upgradés pour des Shim 4 pistons céramiques.
Question moteur, c'est un Shimano EP8-RS, version "dégonflée" du Shimano VTT classique, avec une batterie 540 Wh.
Maintenant, il fallait voir ce que ça donnait sur une belle sortie vosgienne comme on les aime. ça tombait bien, Kroll avait une grosse sortie trail à faire et il y avait pile un créneau météo entre les pluies mercredi, jour férie.
Hop chambre chez l'habitant mardi soir, juste après le TGV, pizz locale le soir et dodo.
Mercredi matin, la météo n'a pas menti, il fait grand soleil, frais. La montagne est en multicolor jaune, orange pour les feuillus et avec les sapins bien verts, ça déchire !
Au programme deux montées au sommet du Grand Ballon, soit 2000 m de D+ et 40 kms. J'avoue être inquiet pour la batterie : est-ce que ça va tenir ? bien que le vélo soit réputé pédalable sans batterie, je le trouve quand même bien pataud pour terminer 300/400 m de D+ à la pédale avec ses gros pneus et l'amorto qui pompe.
Au départ, je trouve la direction bien lourde sur la route (faut dire que j'ai dégonflé par rapport au réglage qu'il y avait sur le test urbain à Lille).
Vite on attaque la pente raide sur un chemin qui a pris du débardage et les pluies des jours passés. Le moteur est bienvenu. J'avais fait cette montée en 2017 pour entrainement à la TransVé et je me souviens que d'entrée c'était balaise ! En mode éco, ça passe avec un effort raisonnable (un peu comme tenir 15/20 km/h sur le plat avec un VTT). Le moteur est nettement moins bruyant que celui du Spé que j'avais testé, bien qu'on l'entende (comparé sur la route à une voiture qui s'éloigne, il faut 200 mètres de distance pour que le moteur du vélo soit à peu près équivalent au bruit de la voiture).
Jusqu'à un premier petit col, la montée se fait sur la piste, ça va tranquille. Je surveille comme le lait sur le feu les barres de la charge batterie, mais rien ne bronche.
Après ce col, on attaque un single raide et un peu technique par endroits (on a déjà avalé 450 m de D+). Comme j'ai décidé de rester en mode éco (dont je ne connais pas les réglages faits par le précédent proprio), je commence à être progressivement dans le rouge. Les fois où je dois pousser (pas le vélo en mains, et passages un peu scabreux), diantre comme c'est dur à pousser quand ça monte raide. Il y a bien une position d'aide à la marche mais ça va un peu trop vite à mon goût et le vélo patine. Je finis par être pas mal dans le rouge.
Une barre de batterie sur cinq de consommée.
Je passe quelques raidillons impressionnants en "trail". Clairement le vélo aime qu'on mouline et quand on appuie sur les pédales, il n'est pas avare.
On finit par atteindre le col du Haag, il fait un vent à décorner les boeufs, on ne traine pas. Je n'ai pas pris le temps de manger, j'ai faim. J'enfile un coupe vent, et repars pour rattraper Kroll qui est déjà l'attaque du sommet : premier portage pour passer une cloture, lourd ! puis raidillon droit dans la pente dans un pré, le truc qui en VTT sec tue les jambes. Je force un peu mais ça passe en mode "éco". Le single qui suit est plus on monte, de plus en plus caillouteux avec des blocs à passer, des marches de plus on moins 1m, etc ... j'en chie et maudit le poids de la chose. J'essaie le portage sur le dos, ça va plutôt bien sauf quand il faut éviter des branches, là on sent bien l'inertie du bazar. Après 5/10 mns, je sens bien le tube de la batterie qui me défonce les épaules
Le mode piéton m'énerve, trop mou au début, puis trop rapide et coupleux ensuite, le vélo patine (on me dira plus tard qu'il faut mettre le coude sur la selle pour gagner en adhérence).
La vue sur la plaine d'Alsace avec les Alpes au fond est superbe (mais je loupe la photo à cause du vent de dingue).
Je retrouve Carole qui redescend du sommet (50 mètres plus haut mais dans un pierrier, je bâche vu les conditions et ma non maitrise de l'engin). On attaque la première descente, j'ai froid, j'ai faim.
Deuxième barre consommée sur la batterie. 1100 m de D+ en 1h30 et 7 kms ... ça décoiffe quand même. ça fait des siècles que je n'ai été capable de ça.
A la descente, je prends mes marques : les manivelles bien que plus courtes, sont forts basses, je raccroche un peu. Dans les blocs de granite je suis un peu paumé, mais progressivement j'apprends et ça va mieux. La descente est globalement très facile avec juste deux épingles (passées 0 pied) et elle fait 14 kms !!
Moteur coupé, on a un gros vélo, une sorte de DH avec moins de deb, mais qui pédale honnêtement. Toutes les liaisons à flanc de pente plus ou moins plates passent sans moteur.
J'ai toujours faim, mais Kroll ne veut pas s'arrêter et je dois la guider. On finit quand même par manger un sandwich au km 18. (elle mange des barres en courant sans s'arrêter). Après le sandwich j'ai toujours faim.
km21, on attaque la seconde montée. Je gère la batterie avec moins de stress, il reste 3 barres. La montée est plus roulante, plus roulable, je me risque à des tests en mode trail dans les parties vraiment raides, impressionnant.
Carole va moins vite qu'à la première montée ou c'est plus facile, mais là je suis peinard. je mange mais j'ai toujours faim.
Au col du Haag, km32, il me reste encore 2 barres, et on a quasi fait 2000. je finis la deuxième barre en allant un peu plus haut pour atteindre les 2000 de D+ au GPS. ça veut dire qu'étant économe, on peut couvrir 2300/2400 de D+ avec la batterie interne. Je suis impressionné.
A la descente qui suit, je m'amuse un peu plus avec le vélo : petits sauts, levers de roue arrière, ça passe pas mal. Je ne sens plus le poids.
Les freins rodés (les disques et les plaquettes étaient neufs), ça freine bien.
En bas, quelques arbres à passer : clairement va falloir que je fasse un peu muscu. Avec la fatigue j'arrive tout juste à le passer au dessus.
En résumé, j'ai aimé :
- l'autonomie démente
- le comportement du vélo dès qu'il roule
- le comportement du moteur qui ne donne qu'en fonction de ce qu'on lui donne (pas d'effet mobylette)
- le bruit raisonnable du moteur
- la possibilité de porter
- la Marzo au fonctionnement pas si mal
- les jantes larges ça donne une ouverture aux pneus incomparables. Le grip m'a semblé très bon (mais x choses étaient différentes aussi)
je n'ai pas aimé :
- le mode piéton bien trop rapide (je ne sais pas marcher à 5 km/h dans une pente en montagne)
- le poids quand on doit pousser
- les pédales un peu basses quand même
A corriger :
- le vélo craque au niveau de la fixation de l'amorto au cadre (l'axe doit manquer de graisse) et au niveau de la biellette (pb connu sur cette version, pour lequel il y a des solutions). A la fin, ça passait par dessus le bruit de moteur. GRRR ! Le vendeur m'avait affirmé qu'il ne craquait pas, pas très cool, vu que je lui ai posé la question. Me répondre "si un peu" m'aurait convenu. En ville, à plat sous la pluie, je n'ai pas entendu, vu le bruit urbain.
- la Marzo a déjà du jeu dans les fourreaux, on voit bien que c'est une Fox rebadgée. Vu que je vais remonter l'équipement du Speedfox, ça n'est pas grave.
Édit : pour le craquement au niveau de l'amortisseur au final, c'était la tige de selle montée à la va vite et pas bien graissée.
Pour la fourche, le jeu est peut être plutôt b sur le disque centerlock pas assez serré.
Reste le bruit à la biellette...
Donc globalement c'est positif, mais la sortie était spéciale (déniv, suivre qqun qui court, l'attendre en descente régulièrement) sans être un véritable coup de foudre (j'aime beaucoup mon Speedfox).
Prochaine sortie dans la boue Lorraine
Photo vite fait dans le garage
Ça manque de couleur, clairement.