Mardi j'ai pris un avion avec un ours polaire sur la queue et je suis arrivé chez les inuits. Jusqu'ici j'ai plutôt été pris par mes obligations professionnelles, mais j'ai eu la chance de me déplacer "en ville" et je commence à m'habituer à la place. C'est vraiment différent de partout ailleurs où j'ai été. C'est un peu comme être sur une base lunaire dans un film de science fiction. Mais une base poussiéreuse et pauvre.
Iqaluit en soit, c'est vraiment moche. On a vraiment l'impression d'être à la bordure de la civilisation. Il y a un côté chaotique un peu gold rush town, avec des déchets partout. La pauvreté est omni-présente, mais une pauvreté à la canadienne, avec plein de ski-doo brisés, carcasses de pickup, amoncellement de tas de bébelles qui rouillent dehors depuis trop d'hivers.
En même temps à 5 minutes du centre, la nature est spectaculaire. On est entouré par des montagnes enneigées à perte de vue, la baie est toujours prise dans la glace, on peut se rendre à pied à la rivière où on peut pêcher des ombles de l'arctique.
Le contraste entre laideur et beauté est assez frappant. Le fait qu'il n'y a absolument aucun arbre est aussi un choc au début.
J'espérai pouvoir rouler dans la nature en vélo, mais ce n'est pas vraiment possible ici. Premièrement, il n'y a pas de sentiers. Comme il y a de la neige au sol neuf mois dans l'année, les déplacements se font essentiellement sur la neige. Pendant le court été, ceux qui vont marcher dans la toundra le font sans suivre une trace en particulier. Et il y a de grosses pierres littéralement partout au sol. Deuxièmement, les inuits sont des gens de la mer. 95% des activités se font sur l'eau ou la glace. Ils ne vont pratiquement jamais à l'intérieur des terres. Leur survie a toujours été liée à la mer, la terre ici est un désert dangereux. Troisièmement, il y a la question des ours polaires. Ils viennent parfois jusqu'au centre d'Iqaluit. Alors quand on se déplace dans la toundra, on prend une arme avec soit.
Parlant des ours polaires, il semble que l'idée qu'ils soient en danger à cause du réchauffement climatique soit une invention des gens du sud. Ici on me dit qu'ils s'adaptent très bien à la fonte précoce de la banquise et que depuis 30 ans il y a de plus en plus d'ours et que ceux ci sont de plus en plus gros.
Cela étant dit, ayant terminé mon travail ici, demain je vais faire une randonnée dans la toundra avec un guide local. Je vous posterai quelques photos de plus.