[kayak inside] Quelques jours dans le sud

Salut à tous,
Voilà un CR que j’ai laissé sur un forum kayak. J’espère que ça vous donnera envie d’essayer ce sport fabuleux.

Je reviens de quelques jours dans le sud de la France. D’abord la région des gorges du Verdon, puis l’Ubaye/Serre Ponçon.
Mon APN/smartphone étant à l’agonie, je n’ai malheureusement pratiquement pas de photos potables. Je vous livre juste une micro-vidéo pour cette première partie.

Jour 1 : Lac de Ste Croix
Mardi matin c’est décidé, j’attaque mon voyage par le Verdon. J’ai tellement apprécié mon mini séjour au mois de mai, j’ai tellement été frustré de ne pas rester plus longtemps, qu’il fallait absolument que j’y retourne.
Je charge le kayak, le vélo et la tente dans l’auto, et en avant ! Cinq heures de route plus tard, je tente d’installer mon campement dans le camping rocailleux d’Artignosc.
Il me reste quelques heures avant la tombée de la nuit, je vais aller tremper mon bateau et mon maillot de bain dans le lac de Ste Croix.
Je décide d’embarquer pour une mini rando à l’entrée des gorges. L’ambiance a bien changé comparée au mois de mai. Malgré l’heure tardive il reste des dizaines -ou centaines- d’embarcations sur l’eau. La remontée des gorges n’est qu’un slalom permanent entre les canoës en perditions, les pédalos à la dérive, et les bateaux à moteur électriques aux pilotes bien distraits. Les enfants qui jouent, les adulescents qui se jettent des falaises de toute part pour épater les filles, les couples qui s’engueulent parce que le canoë ne va pas droit… tout cela rend la balade assez peu bucolique. J’ai du mal à apprécier les falaises qui s’enflamment aux lueurs du soir, et le vol des vautours qui regagnent leurs nids en profitant des derniers thermiques du jour.
Impossible de se concentrer dans ces conditions. J’étais venu me ressourcer, faire corps avec la nature, méditer face à ses splendeurs… et je suis saoulé par le bruit et la foule. Je décide donc de descendre le lac à la recherche d’un endroit plus calme. Finalement j’arrive à me poser sur une plage presque déserte. Je pique une tête pour une baignade relaxante dans l’eau tiède. Je goûte enfin la splendeur de ce lac.
Mais il se fait tard, je dois rentrer au camping. Petit détour par la jolie petite ville de Aups où je fais quelques courses et bois une bière sur une terrasse animée. Coup de file à la famille : il fait moche dans les Alpes.
Retour au camping. Frugal repas à la frontale. Puis frugale nuit également, à côté d’ados qui ont décidé de faire la fiesta jusqu’à deux heure du matin.

Jour 2 : Quinson/Esparron, puis Artignosc.
Le lendemain matin je file au saut du lit à Quinson. Ce joli petit village de Provence est juste à l’entrée de ce qu’on appelle les basses gorges du Verdon. En dégustant mon café à 3€ à la terrasse d’un improbable bar, tenu par une aussi improbable taulière, je visualise par avance mon trajet du jour. J’ai l’intention de descendre les gorges jusqu’au lac d’Esparron, puis de retourner sur mes pas jusqu’à Quinson. J’espère que les lâchés d’eau du barrage ne gêneront pas trop ma remontée. On m’a dit qu’ils avaient lieu surtout le soir.
J’arrive au bord du Verdon vers 9h30, et déjà une queue de vingt mètres s’est formée devant le loueur de pédalos/bateau électriques/canoës. Je sens que ma balade sera tout sauf solitaire. J’embarque rapidement, puis je me lance dans une course effrénée vers l’avant du “peloton”. En forçant l’allure j’espère rattraper rapidement les premiers touristes partis il y a peu sur leur bateau de location. Cela me permettrait de naviguer en peu seul devant la foule. J’adore cet endroit des gorges du Verdon. L’eau, issue des turbinage du barrage de Quinson, est souvent trop froide pour se baigner, mais elle est d’une limpidité époustouflante. Les gorges sont moins vertigineuses qu’à sainte Croix, mais l’ambiance est différente, plus intime je trouve. J’ai des souvenirs émus de parties de pêches ici, il y a des décennies. Tout gamin j’accompagnais un ami de mes parents qui traquait le brochet sur sa barque. Moi je pêchais quelques gardons qui lui servaient de vifs pour tenter d’attraper le grand carnassier. Mais point de pêche aujourd’hui, les poissons ont fuit vers les profondeurs devant les hordes d’embarcations.
Je suis assez surpris par la proportion importante de touristes qui se promène sur des bateaux électriques. Surpris c’est bien le mot, car autant le canoë, et à la limite le pédalo, me paraissent être des activités récréatives, autant le bateau électrique me semble ennuyeux. Les familles s’y entassent entre la glacière et le parasol, et tandis que le fière capitaine barre mollement son intrépide vaisseau dans les remous de la rivière, le reste de la famille s’emmerde ferme à 4 noeuds pendant des heures. Allez comprendre… Je les double sans forcer, et après une demi heure je me retrouve enfin au devant du gros de la foule. Les gorges sont presque désertes désormais. Mais le répit est de courte durée, déjà les bateaux électrique qui remontent du lac d’Esparron arrivent en face.
Je poursuis ma navigation juqu’à Esparron où je trouve une petite crique déserte pour casse-crouter. Pour bien digérer je pique une tête dans l’eau devenue plus chaude. J’en profite pour effectuer quelques exercices de remontée à bord du kayak. Après quelques essais je comprends que la meilleure manière est d’aborder par l’arrière du bateau, puis de rejoindre l’îloire à califourchon sur le kayak. C’est toujours bon à savoir, au cas où…
Le retour vers Quinson est encore plus peuplé que l’aller. Je profite de l’occasion pour remonter plus haut que mon point de départ, jusqu’à la limite du barrage. Le lac de Quinson est minuscule, mais ses eaux limpides et la végétation aquatique abondante sont un spectacle magnifique.Cerise sur le gâteau : la partie en amont des loueurs est pratiquement déserte.
Il est à peine plus de 14h00. Je recharge le bateau sur ma voiture, et je file terminer la journée au lac d’Artignosc (que certains appellent lac de Baudinard :wink:)
J’embarque sur la rive nord du lac, à l’opposé de la plage et de mon camping. C’est la rive la plus sauvage. Souvent, quand j’étais enfant en vacances, je venais y pêcher. J’y ai fait mes premiers pas en SUP, sur la planche à voile BIC de mon père, avec la rame de notre canoë gonflable. C’était il y a plus de 30 ans.
Mais ma visite n’est pas uniquement nostalgique. Mon objectif aujourd’hui est de voir des couleuvres vipérines en chasse. Je sais que les abords du lac en regorgent. J’aimais les attraper dans l’eau quand j’étais enfant. Je garde encore le souvenir cuisant de l’odeur qu’elles dégagent quand, énervées, elles libèrent le contenu puant de leur cloaque sur leur agresseur.
Je pars donc en mode furtif le long de la berge nord, puis ouest. J’avance le plus discrètement possible, en laissant le bateau glisser un maximum sur l’eau sans pagayer. Déjà j’aperçois de nombreux brochetons à la robe rayée. Ils attendent en eau peu profonde qu’une proie passe à leur hauteur. Ils ne sont pas bien gros, mais déjà impressionnants par leur immobilisme et par la vivacité avec laquelle ils fuient en me voyant arriver. Puis soudain, c’est le coup de chance de ma vie de naturaliste amateur. Au détour d’un buisson de saule je tombe nez à nez avec une jolie couleuvre d’une cinquantaine de cm qui hisse sur la rive une perche grosse deux fois comme elle. Le poisson se débat, mais le serpent l’a saisi fermement sous le ventre et il ne le lâchera pas. Je reste immobile, ma pagaie plantée au fond de l’eau, en bougeant le moins possible. Le combat est long, mais inégale. Hors de l’eau le poisson finit par s’asphyxier inexorablement. Alors la couleuvre ouvre une gueule deux fois comme son corps, et doucement, tout doucement, elle commence à avaler le poisson par la tête. Moi je n’en peux plus. Combien de temps ais-je passé là ? Quinze minutes ? Une demi-heure ? Je suis incapable de le dire, mais j’ai des crampes dans tout mon corps à force d’immobilisme forcé. Je largue mon amarrage et le vent me pousse rapidement loin de la scène du crime. Je repasserai ici dans une heure, et tout aura disparu.
Heureux de ma découverte, je laisse mon bateau divaguer vers la sortie du lac. Là encore de nombreuses embarcations naviguent. Mais on est loin de la cohue de Quinson. Je descends la rivière “en suçant les cailloux du bord”. Je vois toujours avec plaisir de nombreux brochets en embuscade, des bancs de perches en chasse, des nuées d’alevins qui avancent en rang serrer pour échapper aux prédateurs… Et puis soudain, sans vraiment que j’y prenne garde, je me retrouve enfin seul. J’ai enfin trouvé le havre de paix que je cherchais. Ici point de gorges vertigineuses, mais des falaises grises teintées de garrigues qui plongent dans la rivière qui s’élargit considérablement. Je navigue enfin seul dans un endroit sauvage. Je me pose sur une plage de gravier. Une grosse couleuvre dérangée par mon arrivée s’enfuit dans les broussailles. J’échoue mon bateau. Je m’assieds sur les graviers, et je sors de mon sac étanche un recueil de nouvelles de Claude Michelet qui raconte la vie des paysans, leur amour de la nature, et leur vie au grand air. C’est l’endroit idéal pour ce genre de lecture. J’y resterai un bon moment, le temps de bien évacuer le bruit et le monde que j’ai vu aujourd’hui.
Je ne peux pas prendre de photos, mais j’arrive juste à faire cette micro-vidéo-pourrie de l’endroit :

Je rentre au camping moins tard qu’hier. Il faut que je range mes affaires. Le lendemain à la première heure je pars dans l’Ubaye rouler…

tes compte rendus sont passionnants!vivement le prochain!
Séb’

Merci beaucoup de ce CR, je crois que j’ai pagayé juste derrière toi :wink:

Bravo!

Fab’

Superbe CR, ça donne envie de faire du bateau électrique :wink:

Effectivement, ça donne envie (mais sans les touristes !)
C’est fou, il y a des regions de France où il n’y a personne et d’autres où tout le monde s’agglutine !

Ben, sans vouloir dénigrer le Morvand ou l'Allier, faut quand même avouer que les gorges et les lacs du Verdon c'est sans doute l'une des plus belle région de France. Ça attire forcément du monde.

Et parfois les zones désertiques côtoient celles qui sont surpeuplées.
J’ai vu ça dans les bauges en rentrant du lac d’Annecy.

bah oui !!! moi je suis d'accord !! :mrgreen:

le 04 est un des département à la densité de population la plus faible de france !

Le Verdon est a moitié dans le 04, a moitié dans le 83. La rive droite est dans le 04 et la rive gauche dans le Var.

oui enfin au niveau des gorges sinon de la sources jusqu’à la bas c 'est le 04

le val d’allos les lac de castillon etc c 'est le 04