[kayak] Bellegarde - Tine de Parnant

Je n’ai pas roulé ce week-end, mais j’ai quand même trouvé le temps d’aller tremper mon kayak dans l’eau. J’vous fais un modeste cr de ma balade…

Si je n’avais pas la certitude de trouver un endroit magnifique au terme de ma balade, j’aurais de quoi douter quand j’observe l’endroit d’où je vais m’élancer dans le Rhône. Je suis à Bellegarde, qui n’est pas à proprement parlé la plus belle ville de France.
En plus, le niveau du Rhône est si bas que la berge s’est transformée en une vaste plage de vase. Je descend tant bien que mal les premiers mètres, mais d’un coup la pente s’accentue et la boue devient terriblement glissante. Impossible d’embarquer dans ces conditions, je risque de me retrouver à la baille, sans possibilité de remonter sur la berge. Aussi je décide de me faire un départ « toboggan » en me laissant glisser dans le kayak jusqu’à l’eau. C’est amusant de glisser dans la gadoue, mais je n’aurais pas dû laisser les deux pieds en dehors du bateau en faisant ça. Je me retrouve au milieu du Rhône, avec un demi kg de vase collé sous chaque chausson. Au passage j’ai aussi rempli le compartiment de ma dérive de vase, et elle ne sort plus.
Le Rhône n’est pas reluisant aujourd’hui. L’eau est chargée en alluvions qui lui donnent une couleur verdâtre peu engageante. Et pour couronner le tout, le niveau est bien 2m en dessous de ce que j’imagine être son habitude. Les berges ne sont que des murs de vase noirâtre infranchissables.
Mais sitôt sorti de l’environnement urbain, le fleuve prend un aspect totalement sauvage qui me réconcilierait presque avec la vase. Plus rien d’humain n’est visible ici. On voit le Rhône tel qu’il est, depuis toujours.

Le courant est soutenu, mais mon Perception fend les flots avec une aisance sans pareille. Je remonte sans effort vers le pont de Grésin. C’est un joli pont suspendu, créé uniquement pour les piétons, au milieu de nul part.

C’est après le pont que j’aperçois le but de ma rando : la tine de Parnant. C’est une minuscule gorge creusée par un petit affluent du fleuve. Le niveau d’eau est très bas, et j’y rentre difficilement avec mon long bateau. Mais le spectacle vaut bien quelques manœuvres. Je navigue entre et sous des parois rocheuses creusées dans la forêt. C’est un univers minérale, sombre et inquiétant. L’exubérante forêt du sommet forme un couvercle vert lumineux qui rend l’ambiance magique.

Comme depuis le début de ma balade, je suis seul. Je prends le temps de méditer du fond de ce gouffre. L’endroit est propice à une pause, même si je ne peux toujours pas débarquer.

Le retour vers Bellegarde est beaucoup plus rapide avec l’aide du courant.

Je profite de la proximité de l’embouchure de la Valserine pour remonter un peu cette rivière. J’ai envie de voir l’usine abandonnée dont j’ai beaucoup entendu parler. La rivière a creusé des gorges au milieu de la ville. Je navigue sous le regard de quelques curieux qui m’observent depuis leur balcon. Finalement j’arrive rapidement à une chute d’eau qui me barre le passage. L’endroit est étrange. Une énorme usine désaffectée surplombe la rivière qui est couverte de détritus. Il n’y a rien de joli ici, mais l’ambiance est vraiment particulière. J’aimerais me rapprocher de l’usine, mais les déchets qui jonchent la surface m’en dissuadent. Finalement je fais demi-tour.

Pour terminer mon périple je trouve un endroit parfait pour débarquer. Une petit plage de galets sans vase, à cent mètres de ma voiture. Si j’avais su, j’aurais pu éviter la glissade du départ… mais c’eût été moins amusant.

Superbe, même si il y a qqs côtés inquiétants dans tes périples. Je ne sais pas si j’oserais m’aventurer seul dans des zones comme ça dont j’ignore tout.

Waouh !!! C’est sublime. Elle est bizarre cette usine désaffectée : elle faisait quoi auparavant ?

Elle Fab'riquait :mrgreen:

Pardon :blush: :blush: :arrow_right:

Ta remarque m'étonne, surtout venant d'un vététiste qui se balade régulièrement seul dans des coins paumés.
J'estime que je prends très peu de risque en bateau.
Le kayak hors eau-vive et mer très agitée, ça n'est pas très dangereux.
Une sortie kayak ça ne s'improvise pas. Je passe de long moment sur Google Earth à préparer mes parcours (il n'y a rien de mieux pour étudier une rivière ou un lac). En général j'emprunte des parcours déjà documentés sur internet. Au dernier moment je check la météo et le niveau/débit d'eau. Je préviens toujours madame de mon parcours, et de l'horaire estimé de retour. J'ai toujours mon téléphone portable sur moi, même si il ne passe pas toujours. Et pour terminer je ne navigue jamais sans mon gilet de sauvetage (que j'ai acheté à prix d'or, justement pour avoir un modèle confortable que je n'enlèverai pas à la première occasion).
En plus j'adopte une attitude extrêmement humble quand je navigue. Au moindre danger, je renonce ou contourne. Il n'y a pas de KOM à gagner sur un kayak... et de toutes manières je ne cours plus après :wink:

Bref, je suis sûr qu'aucun vététiste ne prend autant de précautions que moi.

C'était une usine électrique, qui produisait de la houille blanche avec l'eau de la Valserine. Grace à elle, Bellegarde a été la première commune de France électrifiée.
Maintenant ses usines tournent avec l'électricité de la centrale nucléaire du Bugey :wink:

Ça me peine ces usines abandonnées. Ça me fait penser à la chanson “les mains d’or” de Bernard Lavilliers…

Fab’

Chouette CR!

Moi j'aime bien ça.
Voir ces fleurons du génie humain abandonnés. Constater qu'ils se dégradent et laisseront bientôt la place à la nature qu'ils ont évincés juste quelques années. Imaginer tous les hommes qui ont travaillés ici, pour qui cette usine était toutes leur vie, et qui ne sont désormais plus que poussière bientôt oubliée... Tout cela me conforte dans l'idée que nous sommes éphémères. Je prends cela comme une belle leçon d'humilité.