Au départ était Hugo … Pour ceux qui ont loupé un épisode on va résumer. Hugo c’est un des rares mecs que je pouvais regarder dans les yeux sans baisser le regard, ce qui lui conférait un autre avantage, celui de pouvoir lui piquer son spad, vu que, lorsque l’on approche du double mètre, on est un poil en dehors des standards habituels. Et Hugo partageait avec moi, ainsi qu’avec le pote qui nous l’avait présenté, le privilège de nous éclater le crane sur les branches trop basses. Par contre je doute que j’eusse pu lui piquer ses tee-shirts, du simple fait que, quand moi je jouais à la bicyclette, lui jouait au football Américain. Question gabarit, nous ne batifolions pas dans la même catégorie. Chacun son trip.
Hugo c’est une vie qui vaut un inventaire à la Prévert ; Professeur de Français le jour, barman la nuit. Quand il n’enseignait pas la langue, il se chargeait de parler des religions à ses élèves. Hugo c’est une chopine de bière quand tu parles de demi, c’est une bouteille qui s’ouvre quand tu roules dans le caniveau. Bricoleur perfectionniste de vélos, Hugo c’était notre doc’ VTT, se chargeant de régler un dérailleur ici, de peaufiner le réglage d’un frein là. Hugo c’est une paire de mollets tendus à s’en péter les tendons, un jour de pâle soleil dans les Ardennes, appuyant sur le 36/16 de son single speed aussi rigide que la justice, quand nous profitions des 27 vitesses de nos vélos suspendus. Hugo c’est un rire au milieu de 3 jolies blondes, un soir Lyonnais, partageant avec femme et filles, un bouchon entre amis. Hugo c’est un gag dans un hôpital, une mauvaise rencontre, une sinistre nouvelle, un bel espoir sous le soleil du Bugey .
Cet autre là aussi, je le regarde dans les yeux. Je me demande même si je ne lève pas un poil la tête quand je reagarde en direction de ses moustaches, qu’il a forts belles. Et ce 11eme jour, du 11eme mois, à la 22eme heure et à la 33eme minute de cette année 2012 il nous a dit : « je viens d’apprendre qu’Hugo nous a quitté aujourd’hui. Je suis anéanti…». La nouvelle a crucifié nos espoirs et nous a laissé d’un seul coup, orphelin d’un ami.
Et Hugo en avait beaucoup d’amis. Alors ceux de sa Belgique, ceux de son clan de joyeux foutraques des Single Speed, largement aussi barrés que lui – qui se ressemble… - se sont retrouvés 12 mois plus tard pour fêter ça dignement. Et c’était digne de lui. En 2014, tandis qu’on sonnait les morts sur les monuments à la gloire de la plus grande boucherie en attendant la prochaine, une bandes de joyeux barrés, venus de quasi toute la planète et en particulier des mêmes galaxies que Hugo fréquentait, ont remis le couvert. Et là encore, c’était digne de lui…
La preuve en images :